lundi 14 octobre 2013

Pourquoi les chaouis s’essuient-ils le visage avec la peau du mouton de l’Aïd ?



Ce rituel demeure très encré dans presque toutes les régions du pays chaouis , après abattage rituel du mouton de l’Aïd , le père de la famille montre l’exemple en passant la peau du mouton encore chaude sur son visage , avant que les membres de la famille enfants compris l’imitent religieusement .
Germaine Tillion a été témoin de ce rituel lors de sa mission ethnographique dans l'Aurès au début des années 1930 :   
« Dans quelques villages du Nord , on recommandait de se passer la peau de l’animal prestement écorchée sur le visage , et surtout les yeux « pour se protéger contre les  maladies ».Du haut d’une terrasse , à Tagoust , j’ai assisté à cette opération  magique : le père d’abord, un homme grisonnant et barbu , s’essuya lentement et méticuleusement chaque partie du visage avec le revers de la peau de l’animal sacrificiel , puis il la passa sur le visage de fils aîné , un petit enfant de cinq ou six ans, et ensuite sur les visages des autres enfants. La peau circula enfin de main en main, et fut utilisé par tous les hommes présents, puis par toutes les femmes présentes » . Rare sont ceux qui connaissent les vrais origines de cette pratique qui plonge pourtant ces racines dans les entrailles profondes de l’histoire berbère.

Tout commence vers le septième siècle  lorsque le chef militaire arabe Oqba Ben Nafi  qui commandait l’armée des Omeyades envahit l’Afrique du nord et fonda la ville de Kairouan. Le commandant des armées  arabes affronta Aksel ( Kouciela) le chef militaire berbère qui a repris le flambeaux de la lutte contre l’invasion arabe après la mort de  Dihya . Aksel après une résistance héroïque fut  contraint de faire la paix avec les arabes .Le grand historien berbère Ibn khaldoun rapporte le premier contacts entre Oqba et Aksel :
« Abou Mohajir présenta  Kouceila (Aksel ) qui s’est converti à l’islam à Oqba , ce dernier se montra dédaigneux envers le chef berbère et le méprisa  .... Il lui ordonna un jour  d'écorcher et dépecer un mouton  , Kouceila répondit : ‘’ Que Dieu dirige l'émir vers le bien !  mes serviteurs s’en chargeront ‘’  Oqba s’emporta et insulta le berbère en lui ordonnant de s’acquitter lui-même  de la tâche . Vexé ,  Kouceila s’est levé et s’est mis à dépouiller la bête en essuyant le sang sur sa barbe …. Plusieurs arabes intrigués par le geste de kouceila lui demandèrent la raison, il répondit que cela était bénéfique pour  pilosité du visage .Un vieux sage qui passa près du lui déclara à l’assistance que ‘’ Le berbère rumine sa vengeance ‘’......... » (1)
Aksel n’oubliera pas cette offense  et accomplira très vite sa vengeance en 684 .Il retrouvera Oqba Ben Nafiî et le tua pas loin de Biskra.
Encore aujourd’hui et bien qu’on ignore le plus souvent le signification de ce rituel , les chaoui perpétuent encore la mémoire de leur aïeul Aksel .


(1) Muqaddima , Ibn Khaldoune , libre traduction .

lundi 7 octobre 2013

Lettre à monsieur le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique

A monsieur le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ,11 chemin Doudou Mokhtar Ben Aknoun Alger - Algérie.

En ma qualité de Citoyen  , à vous Monsieur le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche , je m’adresse avec tout le poids de ma responsabilité pour dénoncer une grave injustice dont sont victimes les étudiants inscrits à la licence LMD langue et culture amazighe de l’université Hadj Lakhdar de Batna .

Depuis 1995 et la création du haut commissariat à l’amazighité  les chaouis attendaient l’ouverture d’un département de langue amazigh dans les université de l'Aurès nottament à  Tbathent (Batna) et à Khenchela ,  une reconnaissance de leur identité et une première pierre dans l’édifice de reconstruction de leur langue qui était recondamné à rester orale à cause des politiques iniques et ségrégationnistes. Après la révision constitutionnelle du 2002 consacrant Tamazight langue nationale et l’engagement de l’Etat à promouvoir la langue et la culture amazigh, nous avions cru à un prélude pour une étape importante vers le parachèvement de la consécration d’une  composante essentielle de l'identité algérienne,  mais l’espoir n’était que de courte durée, le département de Tamazight n’a pas vu le jour  ni à Batna ni à Khenchela malgré  les promesses du gouvernement.

Relancé en 2004 avec la création d’une commission qui avait pour mission d’étudier ce dossier, après plusieurs réunions de travail ladite commission a remis  à la tutelle une “fiche d’habilitation”,  l’ouverture du département  n’était alors qu’une simple  formalité mais l’accord du ministère n’a pas été donné pour des raisons   obscures, et le projet du département fut remis aux calendes grecques.

Au mois de juillet de cette année l’université de Batna a annoncé que votre ministère a donné son accord pour  l’ouverture d’un département de langue et culture amazighe, l’annonce a été accueilli avec une grands satisfaction  qui va tournée très vite au désenchantement , en effet le rectorat de l’université de Batna annoncera qu’il n y aura  pas un département mais une licence LMD en culture et langue amazighe et assure qu’elle a réunis toutes les conditions pour le déroulement des études , seulement il fallait avoir un nombre défini d’inscrits afin d’ouvrir les cours , et malgré que cette période été très courte la mobilisation de jeunes militants associatifs chaoui a réussit non seulement a avoir ce nombre mais il l’a doublé . Confiants et avec le sentiment du devoir accompli, les étudiants inscrits  ainsi que les acteurs associatifs dans l’Aurès ont été surpris par les déclarations du M.  Tahar Benabid, recteur de l’université Hadj Lakhdar qui a déclaré dans les colonnes du journal El watan  que la licence LMD en langue et culture amazighe ne sera pas ouverte cette année à cause d’une « omission » de la part de votre ministère d’envoyer l’arrêté pour ouvrir les études dans cette filiale.

Monsieur le ministre !
 
J’accuse  l’université de Batna de dresser des barrières pour ne pas ouvrir le département de Tamazight pour des raisons idéologique.


J’accuse certaines parties occultes  et des personnes corrompues et affairistes de la ville de Batna d’instrumentaliser  Tamazight pour des enjeux politiciens.


J’accuse
votre ministère et surtout le ministre précédent d’avoir traiter avec une légèreté inadmissible cette affaire qui dénote d’un mépris profond pour ma langue maternelle.


J’accuse l’Etat algérien d’avoir porté atteinte à notre constitution qui reconnait dans son préambule l’identité berbère comme étant une composante essentielle de l’identité algérienne, et notamment le troisième article Bis du premier chapitre qui stipule que « tamazight est langue nationale, L'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national».

Je vous demande monsieur le ministre d’intervenir personnellement pour remédier à cette situation et permettre l’ouverture des cours dans la spécialité et sauver ainsi  les étudiants inscrits qui sont perdus et désemparés.
Veuillez agréer monsieur le ministre l’expression de mes salutations distinguées.



                        Jugurtha Hanachi,Le 7 octobre 2013 ,  Thcireth Taɛagunt , R’mila , Aurès.

vendredi 4 octobre 2013

Comment écrire en Tifinagh et en Tamɛamrit sur votre ordinateur


Avec le succès que connaissent les réseaux sociaux et notamment le Facebook , la langue chaouie retrouve un second souffle , les utilisateurs des déférentes régions des Aurès discutent entre eux dans des groupes et des pages dont certaines sont dédiés à la langue chaouie  , le Facebook a aboli les distances et désormais chacun connait plus ou moins les variantes régionales de tachawit .Cependant le manque d’uniformisation de l’écriture freine un peu cette dynamique , la plupart écrivent en français ou en arabe et rarement en Tamɛamrit ( tamaziɣ en latin , crée par Mouloud Maamri ) ou en Tifinaɣ pourtant plus adapté et plus compréhensible.


Je vous propose ici deux  logiciels , le Tifinagh  et Tamazight latin ( sous Windows) , après téléchargement , ces deux programmes exécutables peuvent être installé en quelques clics  , il suffit juste de redémarrer votre ordinateur afin qu’il soient visibles dans la barre de langue comme le montre la photo ci-dessous .